Le Parlement du Burundi, réuni en congrès, lundi le 20 décembre 2021, à l’hémicycle de Kigobe, en Mairie de Bujumbura, a suivi et a adopté le rapport d’étape de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) 2021 sur les massacres commis contre les Bahutu en 1972-1973 au Burundi.
Dans sa présentation, Ambassadeur Pierre Claver Ndayicariye, Président de la CVR, s’est surtout focalisé sur la compréhension des origines lointaines et immédiates des violations des droits humains commis en 1972 au Burundi, leur planification et exécution, l’analyse approfondie de leur impact multiforme sur base essentiellement des récits récoltés et des documents probants, ainsi que leur qualification et typologie.
Selon le rapport de la CVR, un climat politico-social délétère s’est instauré au Burundi, après l’avènement du colonisateur qui a introduit des types d’injustice basé sur les théories racistes, en vogue à l’époque sur l’inégalité des races, bloquant radicalement tous les avantages sociaux, politiques et économiques des Bahutu, notamment les instances dirigeantes du pays, les études etc; ce qui a creusé un fossé entre les Bahutu et les Batutsi.
Les témoignages oraux que la CVR a recueillis sur terrain dans les provinces de Gitega, Karusi, Makamba, Rumonge, Bururi, Bujumbura Mairie, Muyinga, Kirundo, Muramvya et Mwaro, les archives tels le Bulletin Officiel du Burundi (BOB), les correspondances et décisions officielles ainsi que les faits et évènements attestent d’une préparation minutieuse des massacres.
Ce rapport explique que les modes d’exécution relevaient d’une imagination macabre : strangulation, utilisation de bambous pointus, enterrement de victimes vivants, mutilation des corps, ligotage et étouffement par la fumée, mort par exposition au soleil, privation de nourriture, étranglement, asphyxie, éventrement de fœtus, fusillades, noyades, utilisation de marteaux masse, incendies et brûlures, bastonnades, utilisation de baïonnettes et de poignards, découpage à la machette, écrasement par des camions, crucifixion, mutilation des cadavres, etc.
Ambassadeur Pierre Claver Ndayicariye a indiqué dans sa présentation que les responsabilités des parties prenantes impliquées dans ces violations des droits de l’homme commises au Burundi,en 1972-1973 sous le pouvoir de Michel Micombero incombent aux institutions étatiques et à celles non étatiques, avec au sommet du pyramide l’institution du Chef de l’Etat, ensuite les concepteurs, les planificateurs et les exécutants directs ou indirects que l’on trouve aux différents niveaux de l’administration, ainsi que l’armée, depuis l’état-major général jusqu’aux simples soldats, le conseil de guerre, l’appareil judiciaire, la police judiciaire ainsi que la presse de cette époque à travers la voix de la Révolution, Flashinfor et Burinfor.
L’exposé de Pierre Claver Ndayicariye a aussi prouvé que la CVR a procédé à l’exhumation des fosses communes, afin d’apporter des preuves tangibles des massacres, de réhabiliter les victimes dans leur dignité et d’honorer leur mémoire.
Ce rapport démontre qu’après ces tueries sélectives, les familles des victimes étaient stigmatisées et marginalisées, car on leur appliquait le qualificatif de veuves et orphelins de traitres « abamenja ». Il était interdit aux victimes de pleurer, de se raser, de faire le deuil, de manifester une quelconque douleur. Ces familles ont alors sombré dans le désespoir, dépouillées de leurs droits sur les biens et les avoirs des personnes exécutées. La paupérisation et la détresse morale des familles des victimes a entrainé des conséquences multiples, comme les viols, les mariages forcés, les dépressions de toutes natures, jusqu’à des tentatives ou exécution de suicides.
Après analyse des témoignages des rescapés pour dégager les typologies des violations des droits humains en tenant compte des particularités régionales et des échantillons suffisants, le Président de la CVR a déclaré, au nom de cette Commission que les massacres commis contre les Bahutu en 1972-1973 au Burundi sont qualifiés de génocide. Il a également affirmé qu’il y a eu des crimes contre l’humanité au Burundi à cette même période, mais qu’il n’y a pas eu de crimes de guerre.
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