Depuis l’indépendance du Burundi, le système éducatif s’est mis en place autour de l’organisation religieuse qui était déjà très présente. Ce système éducatif tel qu’organisé par l’église était d’une part un enseignement non formel et de masse, d’autre part un enseignement formel très sélectif et très coûteux à partir du secondaire avec un contenu calqué sur le modèle belge. Il a dès lors connu beaucoup de réformes, le plus marquant de l’histoire étant celui de 1973. Elle prévoyait l’âge légal de scolarisation de 7 ans et avait l’objectif de développer une éducation qui tient compte des spécificités culturelles nationales.
Plus tard en 1997, une étude nommée « Analyse Globale du Système Educatif du Burundi » a été faite par l’UNICEF avec d’autres consultants et ont constaté que le système scolaire burundais souffre d’une manière générale d’un faible niveau de planification. Les innovations sont souvent ponctuelles, motivées par des pressions conjoncturelles. Il n’existe donc pas de plan de développement du système à long terme. Par ailleurs, les structures de gestion du système sont inadéquates et subissent elles aussi des changements fréquents, ce qui réduit davantage les possibilités de planification du système.
Ce diagnostic est encore d’actualité aujourd’hui. On pourrait même dire que, aujourd’hui comme hier, le système éducatif burundais ressemble à un navire perdu dans la haute mer, sans capitaine ni boussole et dont les passagers de première classe se relaieraient à la barre, chacun orientant le navire dans sa direction en jurant par tous les dieux que c’est la bonne direction. C’est ainsi qu’on a vu plusieurs changements vraisemblablement aléatoires au niveau de chaque niveau de l’enseignement et en fonction du “passager à la barre” du moment, changements par ailleurs qui ont rarement été évalués.
En 2012, le Burundi s’est engagé dans une profonde réforme de son système éducatif dans le cadre d’un nouveau plan sectoriel de développement de l’éducation et de la formation professionnelle 2012-2020. Il s’agit du passage à un enseignement fondamental de 9 années.
Toutefois, nous remarquons un faible engouement pour l’enseignement professionnel et technique qui reste peu développé mais aussi qui réussit difficilement à attirer les jeunes en raison, notamment du manque d’équipements, de matériel et de consommables.
Pendant les vacances parlementaires, dans le cadre de leurs missions de contrôle de l’action gouvernementale, les sénateurs ont effectué des descentes sur terrain pour s’imprégner des défis auxquels font face les écoles fondamentales et post-fondamentales dans leur fonctionnement.
Au cours des descentes effectuées, les sénateurs ont constaté un certain nombre de lacunes notamment :
Les sénateurs constatent qu’il y a insuffisance des locaux dans différentes écoles visitées. Même là où ces locaux existent, ils sont en état de vieillissement et ont besoin d’une extension ou d’une réhabilitation . Dans certaines écoles, on trouve plus de cent élèves dans une seule classe .Ils ont en outre constaté qu’il y a manque d’infrastructures sanitaires.
A ce niveau, les sénateurs ont constaté que, dans certaines écoles, ’il y a insuffisance des bancs pupitres et des fois, on trouve que les élèves s’assoient par terre ou sur des pierres pour suivre les leçons. Il s’observe aussi un manque d’eau potable, d’électricité, de bibliothèques, d’ ordinateurs et de photocopieuses ;
Les sénateurs constatent que beaucoup d’écoles manquent de manuels scolaires (pour enseignants et pour élèves) , de cartes murales pour les trois premiers cycles et de laboratoires qui, même là où ils existent ne sont pas équipés.
Certaines communes accusent un manque criant du personnel enseignant capable de dispenser les cours dans différentes écoles. D’où on observe une absence d’enseignement de bonne qualité et le taux de réussite devient bas. Une autre conséquence est que les écoles sont obligées de faire recours aux enseignants bénévoles des fois même non qualifiés payés par les parents des élèves eux-mêmes au moment où beaucoup de familles ne sont pas à mesure de le faire.
Les sénateurs ont constaté que les programmes d’enseignement ne sont pas uniformisés. En effet, dans l’enseignement technique par exemple ( Hotellerie et Tourisme), l’enseignant se débrouille pour trouver le contenu-matière.
Les sénateurs déplorent le fait que le programme des premières années du Fondamental de l’année scolaire 2019-2020 est arrivé tardivement suite à la réforme qui a été trop vite mise en application.
Les sénateurs constatent que les frais de fonctionnement parviennent aux écoles tardivement. Par ailleurs, ces frais restent insuffisants au regard des multiples obligations auxquelles doivent faire face les responsables des écoles. Ils constatent également que les parents sont dans l’incapacité de payer de nombreuses et lourdes contributions demandées aux élèves (le minerval, les frais sport, assurance etc.)
Les sénateurs déplorent le fait que les DCE et les Directeurs des ECOFO ne reçoivent pas leurs primes de fonction depuis l’existence de l’école fondamentale.
Les sénateurs constatent qu’il y a un taux élevé d’abandons à l’école fondamentale et au post fondamentale dans les différentes provinces visitées. Les raisons avancées sont entre autres la fréquence des filles qui portent des grossesses non désirées en milieux scolaires, la famine et la pauvreté dans pas mal de familles et les élèves qui abandonnent l’école après le sacrement de la confirmation . Il est souhaitable que le programme PAM puisse étendre son programme de nourrir les élèves à l’école dans toutes les provinces du pays pour éviter ces abandons répétitifs.
Ils ont constaté que les parcelles appartenant aux écoles sont utilisées par des inconnus alors que les écoles elles –mêmes en ont besoin (ex Athénée primaire, ESTA)
Les sénateurs constatent que les centres de métiers ne sont pas fonctionnels (pas de programmes et enseignants) d’un côté, et souffrent d’un manque d’équipements de l’autre.
Par rapport à toutes ces préoccupations des sénateurs, les questions ci-dessous méritent d’être posées au Ministre sectoriel pour qu’il donne un peu plus d’éclairage sur certains aspects jugés importants et en même temps sensibles.
3. QUESTIONS PROPREMENT DITES
Question 1 :
Excellence Monsieur le Ministre, beaucoup d’écoles ont été construites dans le pays sur presque toutes les collines au cours des travaux communautaires et nous saluons cette initiative combien louable et félicitons la population et les dirigeants de notre pays. Seulement il est déplorable que ces écoles n’ont pas été équipées de pupitres et de matériels didactiques ou n’ont pas été bien fermées, ou sont détruites par des intempéries naturelles.
Même les infrastructures scolaires déjà existantes vieillissent et se retrouvent sans équipements et matériels scolaires suite à la croissance des effectifs sans cesse croissante dans les classes.
Pourquoi ne sont- elles pas réhabilitées à temps pour éviter les dégâts qu’elles peuvent causer et garantir la sécurité des apprenants qui recourent à ces infrastructures ?
Question 2 :
La pandémie du corona virus exige la propreté des mains alors que il ya manque d’eau dans certaines écoles. Monsieur le Ministre n’y a –t-–il pas moyen de réhabiliter les robinets des écoles et de les installer là où ils manquent pour que les élèves puissent se protéger davantage contre cette pandémie ?
Question 3 :
Dans certaines écoles, il y a manque d’électricité, d’ordinateurs et de photocopieuses.
Monsieur le Ministre, existe -t-il au moins des frais de fonctionnement pour les écoles ? Si ces frais existent, est-ce qu’ils parviennent aux écoles régulièrement ? N’y a-t-il pas moyens d’électrifier les écoles du moins pour celles situées là où il y a de l’électricité et équiper ces écoles de ce matériel électronique afin de faciliter le travail en informatique ?
Question 4 :
Bien que des écoles soient construites partout dans le pays, les effectifs des élèves dans les classes ne cessent d’augmenter ce qui ne facilite pas la tâche aux enseignants déjà en nombre insuffisant dans la plupart des écoles et cela diminue aussi le rendement scolaire et le niveau des élèves est très bas par rapport à d’autres années écoulées. Excellence Monsieur le Ministre, quelles sont les mesures ou les stratégies envisageables pour faire face à cette montée alarmante d’effectif dans les classes ?
Question 5 :
Excellence Monsieur le Ministre, qu’envisagez-vous faire pour résoudre le problème de manque criant d’enseignants dans les écoles afin d’alléger le fardeau des parents qui sont souvent obligés de payer les enseignants vacataires malgré la gratuité de l’éducation à l’école fondamentale ?
Question 6:
En 2017, il y a eu un redéploiement des enseignants. Suite à cette opération, certains parcourent de longues distances pour arriver à leurs écoles d’affectation. Ces mauvaises conditions de travail peuvent être une des causes des faibles résultats ou du bas niveau de formation des élèves.
Pourquoi les enseignants nouvellement recrutés ne vont-ils pas occuper les places des enseignants redéployés pour que ceux –ci reviennent dans leurs places ?
Question 7
Il est souhaitable que les réformes dans l’éducation soient appliquées après un consensus avec tous les partenaires éducatifs c à d les enseignants et les parents pour qu’i y ait une très bonne mise en application de ces dernières. Dans le cas contraire, les problèmes ne manquent pas. L’exemple donné est le changement de programme de la 1ère année jusqu’en 4è qui a fait que toute l’année scolaire 2019-2020 soit écoulée sans programme.
Monsieur le Ministre, quelle est votre position là-dessus ?
Question 8
La population demande qu’une partie du budget de développement des communes soit orienté à l’éducation et aux travaux de développement. Quelle est votre position Monsieur le Ministre sur cette proposition de la population ?
Question 9
Monsieur le Ministre, beaucoup d’abandons et de mauvais résultats scolaires sont causés par la famine dans les familles. Quelles sont les provinces concernées par le programme PAM de nourrir les enfants à l’école ? Pourquoi ne pas étendre ce programme à toutes les provinces du pays pour éviter ces abandons consécutifs à la famine.
Question 10 :
Les grossesses non désirées en milieux scolaires ne cessent d’augmenter dans beaucoup d’écoles. Monsieur le Ministre, quelles mesures avez-vous prises pour diminuer le nombre de cas de grossesses dans les écoles ?
Question 11
Une mise en place d’une loi qui punit un engrosseur d’une élève et celle qui punit un parent qui fait abandonner de l’école un élève devrait être initiée. Qu’en pensez-vous ?
Question 12
Après le sacrement de confirmation des élèves de la religion catholique en 6ème année, la plupart d’eux abandonnent l’école fondamentale. Les parents demandent à ce que l’église catholique s’entende avec le Gouvernement pour que la confirmation ait lieu à la fin du cycle fondamental.
Qu’en pensez-vous Monsieur le Ministre ?
Question 13 :
Certains domaines des écoles se voient spoliés par des inconnus.
Excellence Monsieur le Ministre, Pourriez-vous faire arrêter cette pratique et retirer ces parcelles des écoles des mains de ces détenteurs illégaux au profit des écoles propriétaires de ces parcelles pour que celles –ci puissent y ériger des bâtiments profitables à la fois aux écoles, aux élèves et même aux personnes des alentours ?
Question 14
Dans les sites nouvellement viabilisées, surtout en mairie de Bujumbura comme dans Nyabugete, Kajiji, Kizingwe -Bihara, il n’y a pas de places publiques réservées pour ériger des infrastructures publiques (écoles, centre de santé).
Dans Nyabugete par exemple, toutes les phases confondues (1,2,3,), aucune école publique, aucun centre de santé ne s’y trouve et aucun espace n’est réservé à cela. Toutes les écoles fonctionnelles sont dans les mains des privées alors que le Gouvernement devait faciliter cette tâche d’éducation des enfants aux parents qui se trouvent dans l’incapacité de payer les écoles privées pour leurs enfants.
Monsieur le Ministre ne trouvez-vous pas que la population de ce quartier est laissée à elle-même en cette matière ?
Question 15 :
Monsieur le Ministre, le Lycée Clarté Notre Dame de Vugizo a été obligé de déménager suite aux menaces d’un ravin(Rubanza) qui a démoli une partie de ces bâtiments. Même d’autres écoles sont menacées par des ravins par exemple le Lycée de la Convivialité à Kanyosha , Ecofo Musaga 3. Qu’est ce que vous êtes en train de faire pour que le Lycée Clarté Notre Dame de Vugizo puisse retourner dans ses anciens beaux bâtiments ? Qu’envisagez-vous faire pour empêcher la destruction de ces écoles menacées avant qu’il ne soit trop tard ?
Question 16:
Monsieur le Ministre, qu’en est – il des écoles d’enseignement des métiers ? Existent- elles réellement ? Si elles existent, sont-elles équipées ? Pourquoi même là où elles existent elles ne sont pas fonctionnelles ?
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